Recrutement de graphistes de nos jours

Recrutement de graphistes : un paradoxe assez troublant. Les amis, souvent dans ma carrière depuis fin 2005 (ça ne nous rajeunit pas, je sais), il m’arrive de passer des entretiens divers et variés. La plupart du temps liés au recrutement soit dans le cadre d’un projet donné (le plus souvent). Soit pour un CDI, une mission en régie et ainsi de suite. Je suis en freelance depuis prés de 10 ans maintenant. J’en ai donc un certain nombre de ce genre d’évènements à mon actif. Et la plupart du temps cela se passe merveilleusement bien. J’ai effectivement eu la chance de croiser dans les 90% des cas des personnes ayant une certaine connaissance des tarifs pratiqués sur le marché, sachant plus ou moins dans quelle direction elles souhaitaient aller. Bref, des pros, pas toujours dans le graphisme, c’est sûr (sinon, elles ne feraient pas appel à mes services). Mais dans leur domaine, c’est plus que certain. Qu’est-ce qu’un bon recruteur? Dans l’idéal, ce serait une personne qui a un besoin de confier une tâche à un professionnel, ayant une certaine connaissance des impératifs que ça comporte. Autrement dit, sachant parler le même language et ayant un minimum de respect pour son interlocuteur. Les recruteurs ou alors les prospects, devenus clients par la suite, que j’ai pu rencontrer, dans les 90% des cas, ont plus ou moins rempli cette condition, si je puis me permettre de la nommer ainsi. En revanche, il reste 10%. Et là, c’est une véritable cour des miracles. Je passe sur les gens qui veulent un site marchand de A à Z en ayant 500€ de budget en tout et pour tout. Les tentatives plus ou moins adroites de faire bosser gratuitement un graphiste en lui faisant miroiter je ne sais quels gains mirobolants aussi. Et puis les organisateurs de soirées qui veulent vous faire de la pub sur leur flyer en échange de la créa gratuite. Toute personne ayant déjà été freelance depuis plus de 6 mois connaît très bien cette chanson-là. Et le sujet a été déjà abordé à de nombreuses reprises par énormément de personnes, surtout depuis mai 2012. Je voudrais m’intéresser dans ce billet au recrutement de graphistes pour des contrats dits « permanents ». CDI, CDD, Intérim, régie, bref, tous les jobs impliquant le travail in situ chez l’employeur. Alors, autant l’intérim et les contrats en régie ne posent a priori aucun souci. Autant un entretien pour un CDI ou un CDD peut se révéler, disons, surprenant. Et au final, amusant, bien qu’on a plus envie de rire jaune qu’autre chose. En théorie, le DRH vous explique ce qu’il attend de vous. Puis aborde les aspects organisationnels et financiers de la chose. Et dans les 90% des cas, c’est de cette manière que cela se passe. Sauf que certains prennent clairement les candidats pour des cons. Alors, un entretien-type que j’appelle « 10% », se passe grosso modo de cette manière. Vous arrivez le plus souvent dans les locaux de la société se situant assez loin de Paris (je suis parisien, mais le principe est le même avec votre ville), dans une zone industrielle. S’il s’agit d’une « agence de communication », n’espérez pas de travailler pour L’Oréal, ni pour Dior. Peut-être pour les pizzas du coin, et encore. Une fois que vous avez trouvé le bon endroit (car les indications sont plus que vagues, quand il y en a) et que vous avez annoncé votre venue à l’interphone, vous êtes reçu par le PDG de ladite agence. Avec son assistant(e) ou pas. Ce monsieur vous présente dans les grandes lignes sa société, et plus précisément « le pôle de communication » qu’il ont ouvert il y a tant de temps et que vous êtes censé intégrer incessamment sous peu. Au cours de sa présentation, vous remarquez que sa boite tourne à 90% autour d’un seul client. Ou peut-être 2 ou 3, mais principalement un, puisque les autres ne donnent plus signe de vie depuis 2-3 ans. Pas très rassurant, tout ça…Car si ce client principal leur dit « merde » pour une raison quelconque, vous êtes au chômage. Le pôle communication, quant à lui, n’est pas vraiment un foudre de guerre non plus. Ses principales missions étant l’exécution des catalogues chartés à mort sans possibilité d’innovation quelconque . Ah oui, il y a le concessionnaire d’en face qui aimerait faire des flyers pour la dernière caisse qu’il vend. Car c’est une telle épave qu’il arrive pas à la fourguer. Charmant, quoi. C’est là que vous vous poser la question sur la raison de votre présence. Vient alors votre tour de parler. Vous vous présentez, vous dites que vous avez 10 ans de métier, que les 10 sont en freelance. Ensuite, vous montrez votre portfolio avec vos réalisations. Et vous racontez qui vous êtes et ce que vous avez fait professionnellement, jusqu’à cet instant. S’en suivent quelques questions-bateau, du genre si vous connaissez bien Photoshop et Dreamweaver (lol), si vous savez faire des découpes Photoshop en <td> (LOL), et si vous savez ce qu’est le language HTML (LOLZ). Vous vous demandez si votre interlocuteur a réellement écouté ce que vous venez de dire. Ou si, au moins, il a pense à lire en diagonale votre CV. Manifestement pas vraiment, puisque la suite est encore plus surprenante / amusante / paradoxale. Le recrutement de graphistes ou de qui que ce soit, d’ailleurs, implique une contrepartie financière, le salaire, en somme. Vous posez la question fatidique, et la, ô surprise ! On vous explique que d’abord, ils vont faire une shortlist à présenter à la direction de leur principal client. Au fait, qui me recrute, vous ou votre client? Si vous êtes sélectionné, vous aurez un test à faire CHEZ VOUS. Une fois que ce test est sélectionné, lui aussi, on parlera salaire. Vous disiez que vous avez 10 ans de métier, dont les 10 en free, vous vous rappelez? Ça voulait aussi dire qu’en 10 ans j’ai rencontré énormément de monde. Des gens bien, des gens un peu moins bien aussi. Des
Lettre ouverte aux entrepreneurs débutants

Lettre ouverte aux entrepreneurs débutants. Chers amis ! Vous êtes sur le point d’ouvrir une entreprise ou c’est déjà fait depuis peu. C’est votre bébé, vous voulez la voir grandir et devenir une adulte belle et élancée, comme n’importe quel parent. Belle et élancée, fertile, assurant vos jours actuels et votre refaite plus tard. L’éducation d’un enfant signifie n’importe où dans le monde un investissement. C’est comme ça, je ne l’ai pas inventé, c’est la vie. Pour un bébé, pour l’instant, personne n’a encore trouvé le moyen efficace et éthique de modifier ses « données physiques ». En revanche, dans le cas d’une boite, on a un peu plus de chance, puisqu’on peut choisir. Cependant, beaucoup d’entre vous, chers entrepreneurs , choisissent de négliger totalement cet aspect très important de votre bébé d’amour. La plupart du temps, par souci d’économie. Les raisons sont nombreuses et la liste n’est pas exhaustive.Lorsque vous créez une boite, les 3 voire les 4 premières années, vous n’allez pas gagner l’argent. En revanche, vous allez en dépenser pour pouvoir en gagner cette « période d’essai » passée. Ça s’appelle un investissement. Ce que vous allez gagner par la suite, s’appelle le ROI. En anglais Return On Investment, autrement dit le retour sur l’investissement. Investir ne signifie pas nécessairement payer, c’est aussi et surtout du temps et du travail, nous sommes d’accord. Par contre, le retour est proportionnel à ce que vous avez donné. Il n’y a pas de mystère. Donc, l’investissement. Durant les 2-3-4 premières années, le but est de faire connaitre votre bébé. Montrer qu’il est le plus beau, qu’il est génial et ainsi de suite. Autrement dit, le premier poste de cette investissement est la communication. Et ça représente au minimum 60% de votre budget de fonctionnement annuel. Prenons un exemple plus ou moins concret : vous voulez vendre des t-shirts avec des dessins dessus. Mais vous ne savez pas dessiner. En revanche, vous savez que ce genre de concept peut plaire aux jeunes. Et à 20-25€ le t-shirt, ça devrait partir comme des petits pains. En y réfléchissant, vous vous dites que les jeunes sont en permanence sur internet. Donc il ne sert à rien de louer une boutique, payer des salaires, des charges, etc. Un site internet fera l’affaire sans souci.Et là vous vous dites que 300€ pour le site, ça devrait aller. Avec grosso modo autant pour les dessins et l’impression vous vous en sortirez pépère. Et commencerez à gagner de l’argent immédiatement. Oui, mais pas tout à fait. Premièrement, la concurrence sur le net est rude. Tout simplement parce que vous n’êtes pas le seul à avoir eu cette idée lumineuse. Des sites proposant des t-shirts, il y en a une tonne. Voire 2 ou 3.Donc, il faut vous démarquer de la concurrence. Créer quelque chose qui soit pas comme les autres. A commencer par un nom, avec une nom de domaine approprié qu’il faut acheter. Et surtout, un logo impactant. Ben oui, le logo. Ce truc machin chose qui vous suivra partout dans le monde et via lequel vos clients potentiels vont vous reconnaitre, comme c’est le cas avec Nike, Adidas, Lacoste et consorts. Un naming digne de ce nom, c’est à partir de 600€. Et un logo, tourne autour de 2500. Bien évidemment, faits par un professionnel expérimenté, sachant vous guider et vous conseiller dans votre projet, connaissant son métier et VOTRE problématique (autrement dit, vos clients potentiels, la gamme de vos prix, la direction dans laquelle votre projet est susceptible d’aller dans les grandes lignes etc.). Une fois le logo crée et son utilisation définie, vient le site. Dans cet exemple, vous vendez des t-shirts, donc, pour, encore une fois, vous démarquer, votre gamme doit être importante, quelque chose comme 50 produits distincts, voire plus. Un site boutique avec 50 produits se négocie entre 7000 et 10000€. Sauf si vous êtes développeur web vous même auquel cas vous en payerez que le design, quelque chose de l’ordre de 1000-1500€. Mais dans ce dernier cas, à vous les nuits blanches et les mains dans le cambouis. Et last, but ont thé least, les produits. Passons la fabrication et le stock, ici, nous parlons que des motifs de vos t-shirts. En prenant comme hypothèse de travail que vous avez 50 t-shirts avec des dessins différents sur chaque, vous avez un besoin impératif de 50 visuels. Voire légèrement plus, en tenant compte de la couleur du tissu (noir sur du noir ne se voit guère). Où les trouver, sachant que vous même, vous n’êtes pas graphiste, dessinateur et que disons, la seule chose que vous dessinez correctement est la tête à Toto? Là, pareil il faut faire appel à des gens qui savent faire, en leur proposant un deal honnête, pas un truc du genre « pourcentage sur chaque t-shirt vendu ». D’une part, vous serez considéré avec du sérieux de la part des éventuels prestataires, d’autre part, votre marge ne sera que plus importante, et de troisième part, vous n’allez pas vous retrouver avec des étudiants/bras cassés du métier/crèves-la-faim plus ou moins incompétents. A vous de négocier les tarifs, mais à la louche, vous allez vous retrouver avec 5000-10000€ en plus à dépenser. Pour résumer l’investissement financier de départ, 600+2500+7000+5000=15100€ minimum. Et nous n’avons pas parlé du référencement de votre boutique (8000€ par an) ni du stockage de vos produits (à la louche 1200 par an minimum), de la fabrication (mettons vous pensez à faire 100 t-shirts de chaque motif avec une couleur et une seule taille, ça nous fait 50X100, donc 5000 t-shirts en tout, la fabrication coûte en gros 7€ chaque, ce sera 35000€). Tout ça pour dire qu’avant de vous lancer, prenez le temps de réfléchir et regarder les options qui s’offrent à vous en procédant au « démontages sceptique » de votre idée du départ. Autrement dit voyez si c’est faisable ou pas, et si oui, combien ça coûte. Prenez conseil auprès des professionnels, demandez des devis, comparez non seulement le prix mais aussi ceci est proposé pour le prix en
Quelques perles téléphoniques et autres de la crise.

Une petite compilation non-exhaustive des « perles » entendues de la part des prospects et vues sur les réseaux sociaux. J’ai décidé dans cet article de compiler toutes sortes de petites perles de la part d’un certain nombre de gens qui estiment qu’un graphiste doit travailler gratuitement ou avec un budget de 2CV, tout en demandant une prestation coûteuse sur-mesure. Compilation qui sera mise à jour à chaque nouveauté du genre, évidemment. « Bonjour, nous avons un projet de pilote de série TV, nous avons Alexandre Astier dans le casting, mais nous n’avons pas de budget pour le graphiste. » Et bien sûr, Alexandre Astier travaille pour la « visibilité » et la gloire. « Tu vas voir, nous allons vendre les clopes éléctroniques à 20 au lieu de 60€, On va casser la baraque. Je vais te rémunérer au pourcentage, je te file 50% sur les ventes. Tu vas te prendre un bon billet. Et il nous faut un référencement de ouf » Okay, donc, ton site a moins de 50 produits, disons à la louche plus ou moins 5000€ de boulot. Le référencement, selon les tarifs du marché, le minimum syndical, on est 24000€ par an, disons 25K€ pour faire un chiffre rond. Tu me demandes donc investir en compétences et en monétaire quelque chose comme 30000€ minimum dans ton projet. Très bien, alors la première année, pour que je puisse récupérer cet investissement et être à 0, puisque tu me donnes 50%, le site doit faire 60000€ de bénéfice. Et pour que je puisse être payé à la hauteur de mon investissement, c’est 120000€. Et-ce que tu es prêt à t’engager contractuellement à me poser un chèque de 60K€ sur la table dans exactement 365 jours après la signature? Client potentiel sur Facebook (une « star » de la téléréalité, pour être exact) : « Quelqu’un peut-il me faire un flyer ? »Moi : « Oui, quel est ton budget? »C.P. : « Gratuitement ? »M : « Non. »C.P. : « Même pas pour moi^^? » A ce niveau-là, no comment. Clochards 2.0, bonjour. « Budget annoncé par mail : 1800€. Budget revu à la baisse subtilement lors du rendez-vous à 1400€ Acompte 50% à la signature « trop cher » parce que « tu auras une super occasion de travailler dans le cadre d’un challenge avec deux jeunes entrepreneurs » Comment dire ? Les amis, si je ne gagne pas ma vie, ce n’est guère intéressant, challenge ou pas. « Un monsieur : Bonjour, je viens de la part de X, j’aimerais faire faire un flyer et j’aimerais établir un partenariat, je vais parler de votre activité de designer en échange de ce travail.Moi : Non, d’une part, j’ai une dizaine d’années de métier, donc la visibilité déjà très bien établie. D’autre part, même si ce ne serait pas le cas, ce genre de deals ne m’a jamais interessé, car ils n’apportent rien de bon, excepté des gens qui veulent vous faire de la pub.Ce même monsieur : D’accord, combien demandez vous pour ce travail?Moi : Quelques centaines d’euros (je ne puis ici donner le chiffre exact, confidentialité oblige)Le monsieur : Mais X m’a dit que vous faisiez ça pour 50€!!Moi : … » Pour être tout à fait honnête, je ne me savais pas péripatéticien. Reçu ceci parmi les autres perles via Facebook : « Salut, Je suis à la recherche de développeurs mobile (IOS natif) back office/end et Android (natif) back. Je lance une startup autour d’un concept simple : le partage de photos. Le projet est ultra viral et ça tombe bien car c’est completement la tendance ! Le design est terminé et il ne reste plus qu’à développer (3 screens en tout). Il faut compter 2 semaines de développement environ. Une beta, puis une V1 la plus simple possible. Si ce projet t’intéresse tu es le bienvenue! On est une petite équipe cool, performante (1 web-designer UX/UI, 1 Marketer) qui aime le travaille de groupe. Je te proposer d’être intéressé au capital, avec une part prévu entre 20 et 25% du CS. Aujourd’hui ce que nous pouvons t’offrir de mieux! Le projet verra le jour au cours du mois de Février, donc si tu veux faire partie de cette aventure, tu es le bienvenue. PS/ Ou si tu connais quelqu’un qui correspond au profil Je reste à ta dispo ciao ! » Ma réponse : « Bonjour, #1 : je ne suis pas développeur, mais designer. #2 : je suis freelance, donc les deals avec intéressement / visibilité /autre chose que monnaie sonnante et trébuchante ne m’interessent pas. #3 : aucun de mes collègues / contacts ne sera pas intéressé, et dans le cas improbable où je proposerai un deal dans le genre à mes collègues / contacts, je me ferai tout bonnement descendre et ma réputation en tant que professionnel en pâtira. Serguei »